Les différents procédés de photographies

1826
Joseph Nicéphore Niépce
Héliographie
Première gravure connue obtenue par Niépce, en 1825, avec le procédé de l'héliographie ; copie d'une gravure du XVIIe siècle montrant un enfant menant un cheval, acquise en 2002 par la Bibliothèque nationale de France.

Inventeur : Joseph Nicéphore Niépce.

  • Procédé :

    • Sur une plaque d’étain recouverte de bitume de Judée, substance qui durcit à la lumière.

    • Après exposition très longue (plusieurs heures), les parties non exposées sont dissoutes avec de l’huile de lavande.

  • Résultat :

    • « Point de vue du Gras », première photographie permanente au monde.

  • Limitation :

    • Image peu contrastée, procédé extrêmement lent et peu reproductible.

1839
Louis Daguerre
Le daguerréotype

➤ Présentation

Le daguerréotype est le premier procédé photographique public, inventé par Louis Daguerre en 1839. Il produit une image unique sur une plaque d’argent polie, sans négatif.

➤ Principe technique

  • Plaque de cuivre recouverte d’argent, polie comme un miroir.

  • Sensibilisation aux vapeurs d’iode → formation d’iodure d’argent sensible à la lumière.

  • Exposition directe à la lumière (temps d’exposition de quelques secondes à plusieurs minutes).

  • Développement à la vapeur de mercure.

  • Fixage dans une solution de sel marin ou de thiosulfate de sodium (hypo).

➤ Avantages

  • Détails extrêmement précis (grossissement possible à la loupe sans perte).

  • Tirages d’une finesse incomparable pour l’époque.

➤ Inconvénients

  • Image unique (pas de reproduction).

  • Fragilité extrême.

  • Utilisation de substances toxiques (mercure).

➤ Anecdote

La France a acheté le brevet pour l’offrir « libre au monde entier »… sauf en Angleterre !

1839
William Henry Fox Talbot
Papier salé

  • Inventeur : William Henry Fox Talbot.

  • Procédé :

    • Papier enduit de sel de table (chlorure de sodium) puis de nitrate d’argent.

  • Rendu :

    • Tonalités chaudes (bruns, rouges).

    • Texture du papier visible, donnant un aspect doux.

  • Usage :

    • Tirages de négatifs calotypes.

1840
John Herschel
Anthotypie

  • Inventeur : John Herschel (conceptualisé).

  • Procédé :

    • Utilise des colorants naturels extraits de plantes, de fleurs, de fruits (betterave, épinard, curcuma, mûre, etc.).

    • On enduit un papier du pigment, puis on expose un objet ou un négatif au soleil.

  • Temps d’exposition :

    • Très long : plusieurs jours à plusieurs semaines.

  • Résultat :

    • Images très douces, fragiles (s’effacent avec le temps).

  • Intérêt :

    • Écologique, artistique, expérimental.


1841
William Henry Fox Talbot
Le Calotype

➤ Présentation

Inventé par William Henry Fox Talbot en 1841, le calotype repose sur le principe du négatif/positif sur papier, permettant la reproduction multiple.

➤ Principe technique

  • Papier enduit de chlorure d’argent.

  • Sensibilisation par une solution de nitrate d’argent et d’acide gallique.

  • Développement chimique après une brève exposition à la lumière.

  • Production d’un négatif papier, puis tirage par contact sur papier sensibilisé.

➤ Avantages

  • Multiplication des images possibles.

  • Plus souple et léger que les plaques métalliques.

➤ Inconvénients

  • Moins de netteté que le daguerréotype (fibres du papier visibles).

  • Procédé plus complexe, breveté donc coûteux.

1842
Sir John Herschel
Chrysotype

  • Inventeur : Sir John Herschel.

  • Procédé :

    • Sensibilisation du papier avec des sels d’or.

    • Après exposition, les images se forment en teintes dorées ou brunes.

  • Particularité :

    • Très belle stabilité chimique, mais procédé délicat et peu diffusé.

1850
Louis Désiré Blanquart-Evrard
Albumine

  • Inventeur : Louis Désiré Blanquart-Evrard.

  • Procédé :

    • Utilisation du blanc d’œuf pour fixer le nitrate d’argent sur du papier.

  • Avantages :

    • Permet des images très fines et très contrastées avec un aspect brillant.

  • Utilisation :

    • Très populaire pour les cartes de visite photographiques entre 1855 et 1890.

1850
Corot, Daubigny
Cliché-verre

  • Artistes associés : Corot, Daubigny.

  • Procédé :

    • Hybridation entre la gravure et la photographie.

    • Une plaque de verre est enduite d’un vernis opaque.

    • L’artiste grave directement dessus à l’aiguille ou au pinceau.

    • La plaque est ensuite utilisée pour produire des tirages photographiques par contact.

  • Usage :

    • Démarche artistique, entre dessin, gravure et photographie.

1851
Frederick Scott Archer
Le Collodion Humide

➤ Présentation

Inventé par Frederick Scott Archer, ce procédé utilise une émulsion de collodion sur verre, nécessitant un traitement immédiat (humide).

➤ Principe technique

  • Verre nettoyé et enduit de collodion (solution de nitrate de cellulose dans l’alcool/éther).

  • Sensibilisation dans un bain de nitrate d’argent.

  • Exposition rapide.

  • Développement avec une solution de sulfate de fer.

  • Fixage au thiosulfate.

➤ Avantages

  • Netteté exceptionnelle.

  • Temps d’exposition beaucoup plus courts.

  • Coût moindre par rapport au daguerréotype.

➤ Inconvénients

  • Développement immédiat obligatoire (nécessite un laboratoire portatif).

  • Matériel lourd et délicat.

➤ Anecdote

Les photographes de la Guerre de Sécession (comme Mathew Brady) utilisaient tous ce procédé en extérieur avec des « chariots-laboratoires ».

1855
Alphonse Poitevin
Procédé au charbon ou tirage au carbone

Nom de l’inventeur :
Alphonse Poitevin (France)

Principe

Poitevin découvre que le bichromate (de potassium, le plus souvent) a la capacité de rendre une gélatine insoluble sous l’effet de la lumière.
En ajoutant du charbon (pigment noir) à cette gélatine, il met au point un procédé d’impression photographique ultra-durable et d’une qualité d’image exceptionnelle.

Lors de l’exposition, la lumière durcit la gélatine :

  • Plus la lumière est forte, plus la gélatine retient le pigment.

  • Après l’exposition, les parties non durcies (non exposées à la lumière) sont éliminées par lavage, formant ainsi l’image.

Ce qui est imprimé

  • Une image en relief.

  • Là où la lumière a frappé, la gélatine est plus dure et retient plus de pigment, créant des zones denses et riches.

Avantages

Grande richesse de tons (des noirs très profonds jusqu’aux gris délicats).

  • Durabilité exceptionnelle (pratiquement inaltérable avec le temps).

  • Pas de grain visible comme en photographie argentique classique.

Usage

  • Très apprécié pour la photographie de portrait haut de gamme.

  • Utilisé pour produire des œuvres photographiques conçues pour durer des siècles sans altération.

1855
Plaque de fer
Le Ferrotype ou Tintype

➤ Présentation

Variation bon marché du collodion humide, le ferrotype produit une image positive directe sur une plaque de fer noire.

➤ Principe technique

  • Plaque de fer laquée noire, enduite de collodion.

  • Sensibilisation au nitrate d’argent.

  • Développement immédiat.

  • Résultat : un positif direct apparent par le fond noir.

➤ Avantages

  • Rapide et très économique.

  • Très populaire pour les portraits souvenirs (foires, armées).

➤ Inconvénients

  • Qualité inférieure au daguerréotype.

  • Moins durable si mal conservé.

1871
Richard Maddox
Le Film Gélatino-Bromure d'Argent

➤ Présentation

Le procédé standard qui domina la photographie argentique pendant un siècle : inventé par Richard Maddox puis industrialisé par Eastman Kodak.

➤ Principe technique

  • Émulsion de bromure d’argent en suspension dans de la gélatine.

  • Déposée sur plaque de verre ou pellicule flexible (celluloïd).

  • Exposition très rapide.

  • Développement et fixage standardisés.

➤ Avantages

  • Maniement facile (films secs).

  • Industrialisation de la photographie.

  • Base de toute la photographie argentique jusqu’à l’arrivée du numérique.

➤ Inconvénients

  • Sensibilité parfois irrégulière dans les premiers temps.

  • Détérioration possible des premiers supports en nitrate.

1873
William Willis
Procédé au platine (platinotype)

  • Inventeur : William Willis.

  • Procédé :

    • Papier sensibilisé avec du sel de platine.

    • Révélé par un traitement chimique réduisant le platine pour former l’image.

  • Particularité :

    • Large gamme de gris subtils, rendu mat, longévité exceptionnelle (supérieure à tout autre procédé).

  • Utilisation :

    • Très recherché pour les portraits haut de gamme.

1879
Karl Klic
Photogravure

Inventeur : Karl Klic (en s’inspirant d’Henry Fox Talbot).

  • Procédé :

    • Reproduction de photographies sous forme de gravures en creux sur plaques de cuivre.

    • Impression par encrage et passage sous presse.

  • Usage :

    • Très prisé pour les livres d’art et les publications de luxe avant l’avènement de la phototypie industrielle.

1890
Théodore-Henri Fresson
Procédé Fresson

  • Inventeur : Théodore-Henri Fresson.

  • Procédé :

    • Procédé au charbon direct.

    • Gélatine pigmentée et sensibilisée par du bichromate.

    • Développement par lavage partiel, sans solution chimique de fixation.

  • Caractéristiques :

    • Images au grain fin, tons chauds, extrêmement durables.

  • Spécificité :

    • Secret de fabrication jalousement gardé par la famille Fresson encore aujourd’hui !

1907
Auguste et Louis Lumière.
L'Autochrome Lumière

➤ Présentation

Premier procédé commercialement viable pour produire des photographies couleur, inventé par les frères Auguste et Louis Lumière.

➤ Principe technique

  • Plaque de verre recouverte de micrograins de fécule de pomme de terre colorés (rouge, vert, bleu).

  • Recouverte d’une émulsion noir et blanc panchromatique.

  • Lumière traversant les grains colorés et exposant la couche sensible.

  • Développement inversible pour obtenir une image positive.

➤ Avantages

  • Première vraie « photo couleur » accessible.

  • Rendement des couleurs doux et artistique.

➤ Inconvénients

  • Faible sensibilité (longues poses nécessaires).

  • Aspect pointilliste (visible sous grossissement).